Mission à Ouahigouya
20 – 24 Octobre 2007
Vue globale
Notre déplacement s’est avéré très positif car tous les objectifs fixés avant le départ ont été atteints.
Nous avons pu réaliser tout ce que nous avions décidé de faire sur place.
Le fait de se déplacer au Burkina est extrêmement important car cela permet de faire le point sur les besoins réels et sur la motivation des différents intervenants.
T. Guelfi , C.Inguenault, V. Piperno et C. Schantz
Objectifs
– Evaluer l’impact de la création de l’association sur place, ainsi que la motivation des différents intervenants, deux ans après la création de celle-ci.
– Se faire connaître de la population, des villages où sont insérées les écoles, pour ne pas s’imposer.
– Faire passer un message positif et sensibiliser la population à la scolarisation de leurs enfants
– Rappeler quels sont nos objectifs et sensibiliser la population sur les problèmes de l’excision.
– Apporter l’argent récolté sur place, acheter et distribuer nous même les fournitures scolaires dans les écoles.
– Evaluer quels sont les difficultés et les obstacles de notre action.
– Evaluer la faisabilité de projets ultérieurs.
Samedi 20 Octobre 2007
Arrivée en soirée à Ouagadougou.
Discussion avec le Docteur Bernabe Tiendrebeogo et sa femme Josiane qui est sage femme. Ils sont tous les deux burkinabés et sont des amis de longue date. Ils représentent pour nous un important soutien moral car ils sont sensibles aux problèmes que pose l’excision, ainsi qu’à la difficulté de scolariser tous les enfants de leur pays.
Dimanche 21 Octobre 2007
Départ pour Ouahigouya qui est à 180 km de Ouagadougou. Nous partons avec une voiture prêtée par le Dr Tiendrebeogo. Il met aussi à notre disposition son chauffeur, Jules Kabore qui nous avait déjà accompagné l’année passée. Il nous est d’une grande aide.
Arrivée dans la soirée suite à une crevaison qui nous a beaucoup retardé. Retrouvailles et discussion avec nos deux amis instituteurs burkinabés, Gildas et Kam. Nous reparlons de ce qui avait été convenu par mail et téléphone avant notre arrivée par rapport à nos actions pour les jours qui suivent.
Nous avions établi une liste précise des fournitures à acheter pour la rentrée 2007. Nous leur avions demandé de tout commander chez le libraire que nous connaissons et de tout rassembler avant notre arrivée afin de gagner du temps. Nous avons été ravis de constater que tout était prêt à notre arrivée.
Lundi 22 Octobre 2007
Visite de la 1ère école : RIGUI (347 élèves)
– Nous sommes accueillies par les parents d’élèves qui sont tous présents. Ils avaient préparé des festivités mais deux décès dans le weekend end les ont malheureusement obligés à les annuler.
– Rencontre avec le directeur qui nous remercie et qui insiste sur la nécessité de notre action : le fait d’apporter les fournitures scolaires aux enfants motive leurs parents pour les scolariser. En effet, le coût financier de la scolarisation (frais de scolarité + fournitures scolaires) représente le premier obstacle à la scolarisation des élèves au Burkina et donc à l’éducation et à l’alphabétisation du pays.
– Discours de Clémence (présidente de l’association) qui remercie le village pour son accueil chaleureux.
– Discours de Gildas et Kam :
Ils parlent de l’association, expliquent quels sont nos objectifs et disent pourquoi nous sommes là.
Avec l’accord des parents d’élèves, des vieux du village et du directeur de l’école, ils font un exposé sur l’excision. La seule demande des vieux est de ne pas prononcer le mot « clitoris » qui est tabou. Ils insistent sur les conséquences de l’excision : mutilation, hémorragie, transmission du VIH, décès, … Nous avons apporté des documents et des planches anatomiques que nous avait fourni une association en France (Gynécos sans Frontières : www.gynsf.org).
Le discours est très bien perçu par la population qui écoute attentivement. Gildas et Kam insistent sur les conséquences et les complications de l’excision.
Il était très important pour nous de ne pas parler nous-mêmes lors de cet exposé car nous pensons que ce topo a beaucoup plus d’impact si il est fait par des burkinabés. De plus, nous ne parlons pas le dialecte du village ce qui représente un obstacle important. Nous étions cependant présents et les instituteurs ont rappelés que la lutte contre l’excision était l’objectif premier de notre association à Paris et que c’était pour cela que nous étions ici.
A la fin de l’exposé, Gildas et Kam ont demandé aux hommes, aux femmes et aux enfants s’ils avaient des questions, expliquant que Cyrille Inguenault était gynécologue et pouvait répondre à toutes les questions. Aucune question n’a été posée mais les hommes se sont tournés alors vers les femmes et leur ont demandé ce qu’elles allaient faire et elles ont répondu d’elles mêmes qu’elles allaient stopper l’excision.
Il faut bien sûr prendre ces propos et ces promesses avec précaution mais nous avons été extrêmement satisfaits de cette première discussion sur l’excision en notre présence.
– Distribution des fournitures aux 347 élèves, un à un devant les parents, l’APE (Association des Pères d’Elèves) et l’AME (Association des Mères d’Elèves).
– Nous avons été frappées par l’implication des parents dans la scolarisation de leurs enfants, ce qui est très positif car il s’agit d’un des points phares de notre association (sensibiliser les parents).
– Prise en charge des frais de scolarité de la totalité des enfants orphelins de l’école soit 44 élèves (44 x 1 000 = 44 000 FCFA).
– Décoration des classes afin de rendre les classes plus ludiques avec des posters de couleurs et des horloges. Nous avons également accroché dans chaque classe, avec l’accord du directeur et des instituteurs, des affiches du ministère français pour protéger les enfants de l’excision (affiches obtenues par Gynécos sans Frontières).
– Distribution d’une petite infirmerie : boite en plastique contenant du coton, des antiseptiques locaux et des pansements. Nous avons également mis un cahier avec un stylo dans cette boite et avons expliqué que chaque fois qu’un enfant a besoin de soins locaux, il est important d’inscrire son nom, la date et de décrire les besoins. A l’issue de cette «année test» nous espérons pouvoir mettre en place une infirmerie plus conséquente.
Mardi 23 Octobre 2007
Visite de la 2ème école : KOURA BAGRE
– Accueil du directeur et des enseignants de l’école et entretien.
– Tout le village est présent pour nous accueillir : chants et danses des villageois qui nous remercient pour notre présence et notre soutien.
– Nombreux discours de remerciements : directeur, parents d’élèves, vieux du village, Clémence puis Gildas et Kam.
– Les villageois nous annoncent alors qu’ils ont une surprise pour nous : une pièce de théâtre.
La troupe de Théâtre de Koura Bagre a mis en scène pour nous une pièce traitant de l’excision. Cette pièce (en dialecte local) a duré plus d’une demi heure et était superbe: décors, déguisements, souffleur et metteur en scène. Nous avons été impressionnés par la qualité de cette représentation. Le sujet de l’excision a été traité dans sa globalité: problèmes religieux, conséquences néfastes, difficulté liées aux coutumes, problèmes pécuniers pour les exciseuses, problèmes juridiques…. Le tout sous les yeux des villageois et de tous les enfants de l’école.
Cette représentation été au-delà de nos espérances : un message est réellement passé, de façon à la fois sérieuse et ludique, un message de burkinabés pour les burkinabés, en dialecte local.
Ce moment a été extrêmement émouvant pour nous, nous avons eu le sentiment de toucher le cœur du problème de l’excision.
– Danse traditionnelle des hommes du village qui marque symboliquement la fin d’une tradition : ils ont donc dansé pour fêter la fin de l’excision dans leur village.
– Distribution des fournitures scolaires aux 150 élèves, un à un devant les parents, l’APE et l’AME.
– Distribution de la même infirmerie que pour l’école de Rigui, ainsi que distribution des posters pour décorer les classes et sensibiliser contre l’excision.
– Mise en place d’une correspondance entre la classe de CE2 et une classe de Boulogne en France.
– Prise en charge des frais de scolarité de la totalité des enfants orphelins de l’école soit 22 élèves (22 x 1 000 = 22 000 FCFA).
Nous avons aussi apporté sur place beaucoup de jeux, de peinture, d’autocollants de France que nous avaient donné avant notre départ des adhérents de Tinbo pour les enfants.
Nous les avons donné dans les écoles aux instituteurs afin d’organiser des concours et d’avoir des récompenses pour les meilleurs élèves de chaque classe à la fin du 3ème trimestre.
Bilan du déplacement
Ce bilan s’est avéré très positif car tous les objectifs fixés avant le départ ont été atteints.
Nous avons pu réaliser tout ce que nous avions décidé de faire sur place.
Le fait de se déplacer au Burkina est extrêmement important car cela permet de faire le point sur les besoins réels et sur la motivation des différents intervenants.
. Lors de notre dernière réunion avant notre déplacement, les membres actifs nous avaient demandé d’axer davantage notre déplacement sur l’excision, afin de ne pas oublier qu’il s’agit de notre objectif premier. Après deux années de soutien de la scolarisation des enfants, nous avons établit un réel climat de confiance avec la population des villages, nous nous connaissons mutuellement, ils savent que nous ne les jugeons pas, ne leur imposons rien, voulons travailler avec eux main dans la main.
Les deux interventions dans les écoles sur l’excision (sensibilisation et théâtre) ont été bien au-delà de nos espérances. Nous demandons aujourd’hui à la troupe de théâtre de
Koura Bagre de travailler avec nous. Notre projet est qu’ils aillent jouer leur pièce dans les villages alentours afin d’apporter l’information à ceux qui n’y ont pas accès. Nous réfléchissons actuellement à la façon dont nous pouvons travailler avec eux, à un éventuel parrainage, à un soutien financier, …
. Nous avons aussi pu définir de nouveaux objectifs à réaliser à moyen ou à long terme, notre objectif principal restant de pouvoir offrir les fournitures scolaires aux écoles de Rigui et de Koura-Bagré chaque année, en prenant en charge les frais de scolarité de l’ensemble des enfants orphelins .
Futurs projets
A travers nos discussions sur place avec Gildas et Kam, avec les instituteurs des écoles ainsi qu’avec les directeurs, nous avons conclut sur différentes possibilités si nous obtenions un budget conséquent au cours de l’année 2008 (en plus des fournitures scolaires et cartables bien sûr):
- S’élargir à d’autres écoles.
- Fournir des déjeuners aux enfants chaque jour de classe, en créant une sorte de cantine comme nous l’avions vu l’année précédente dans l’école de Bourbo (soutenue par une association espagnole Bibir).
Budget : 3500 euros environ pour la plus petite des 2 écoles (Koura Bagre avec 160 enfants). - Acheter des bancs pour les élèves.
Budget : environ 42 euros par banc.
Les bancs ont été l’élément qui est revenue le plus fréquemment et unanimement lorsque nous demandions aux parents d’élèves et enseignants quels sont leurs besoins les plus urgents pour les écoles. En effet, les bancs sont non seulement usés mais surtout en nombre insuffisant : les enfants sont parfois 5 (au lieu de 2) par banc.
A notre retour du Burkina, une réunion avec les membres actifs de l’association s’est tenue le 22 Novembre 2007 et nous avons opté pour les bancs. Nous craignons de ne pas obtenir le budget nécessaire pour une cantine, et même si nous l’obtenons il faudrait pouvoir le faire plusieurs années de suite. Il parait difficile d’offrir des repas pendant un an et de ne pas pouvoir continuer l’année suivante, faute de moyens.
Nous avons aussi choisi les bancs car ils répondent à la demande première des directeurs et parents d’élèves.
Enfin, il sera aussi plus facile pour nous d’acheter le nombre de bancs correspondant à notre budget avant la rentrée en fonction de celui-ci (entre 1 et 100 bancs selon notre budget… !) et d’en acheter quelques uns chaque année.