Mission à Ouahigouya
5-8 Octobre 2008
Vue globale
Notre déplacement s’est avéré très positif car tous les objectifs fixés avant le départ ont été atteints.
Nous avons pu réaliser tout ce que nous avions décidé de faire sur place.
Le fait de se déplacer au Burkina est extrêmement important car cela permet de faire le point sur les besoins réels et sur la motivation des différents intervenants.
T. Guelfi , C.Inguenault, V. Piperno et C. Schantz
Objectifs
– Evaluer la continuité des actions Tinbo et leur pertinence année après année.
– Faire le point avec les principaux intervenants sur place des besoins réels.
– Juger de l’utilisation du matériel apporté l’année précédente
– Acheter et distribuer nous-mêmes le mobilier et les fournitures scolaires
– Trouver une solution pour remotiver l’équipe de théâtre et sensibiliser la population au problème de l’excision, de la transmission du VIH.
Dimanche 5 Octobre 2008
Départ pour Ouahigouya avec un 4×4 et un chauffeur, Saïdou, payés par l’association, ainsi que l’essence.
Nous avons appelé l’instituteur Gildas pour le prévenir de notre heure d’arrivée approximative et celui-ci nous attend à l’entrée de la ville. Nous n’avons aucune difficulté à nous reconnaitre mutuellement. Notre chauffeur, Saïdou, est d’ailleurs de sa famille et les liens se nouent très vite entre nous, ainsi qu’avec l’autre instituteur Kam que nous retrouvons en route. Arrivée à l’hôtel de l’Amitié pour nous installer puis nous nous rendons à la librairie afin de régler la facture des fournitures scolaires que Gildas et Kam ont stocké chez eux. Nous leur remettons également l’argent des table-bancs dont ils avaient fait l’avance au fabricant.
Lundi 6 Octobre 2008
Visite de la 1ère école : RIGUI (384 élèves)
Départ vers 8H pour l’école de Rigui avec un arrêt dans les locaux de l’Inspection Départementale de L’Enseignement où nous rencontrons l’inspectrice qui supervise les 40 écoles de la région. Sympathique et accueillante, elle nous remercie de l’action que nous menons avec l’association Tinbo tout en nous laissant comprendre qu’il y a d’énormes besoins dans beaucoup d’autres écoles, notamment dans une école « décoiffée » par la tempête dont elle nous montre des photos édifiantes.
Arrivée à l’école où nous sommes accueillis par tous les élèves présents dans la cour, par le nouveau directeur de l’école, le corps enseignant et un nombre assez important de parents d’élèves.
Discours d’Isabelle pour remercier de l’accueil, redire les objectifs de l’association et détailler le matériel apporté.
Les tables-bancs sont installés dehors et à la demande de Gildas et Kam, les enfants se précipitent pour s’y asseoir. Ils paraissent de bonne qualité, solides et sont marqués du nom de l’association (marquage effectué bénévolement et artisanalement par Gildas et Kam !).
Distribution des fournitures scolaires aux 384 élèves devant les parents d’élèves, l’APE (Association des Pères d’élèves) et l’AME (Association des Mères d’élèves).
Prise en charge des frais de scolarité des orphelins de l’école soit 20 orphelins. Les frais s’élèvent à 1 000 FCFA par orphelin. Le total des frais de scolarité pour les orphelins de l’école de Rigui s’élève donc à 20 000 FCFA soit environ 30 euros.
Remise au directeur des lampes à pétrole qui seront confiées aux élèves de CM2 afin qu’ils puissent étudier le soir.
Vérification de la boîte à pharmacie : assez désordonné, il reste à peu près la moitié du matériel, le cahier pour noter chaque intervention est vierge. Nous la rangeons et complétons le matériel manquant.
Gildas explique aux enfants et parents d’élèves que nous avons amené des récompenses pour les meilleurs élèves de chaque classe qui seront distribuées en fin d’année comme cela avait été fait l’année précédente. Il propose aussi qu’Isabelle et Laura fassent une démonstration des élastiques et cordes à sauter qui ont été amenés pour que les filles puissent y jouer pendant les récréations. Nous faisons aussi la promesse d’acheter des ballons de foot sur le marché pour les garçons avant notre départ.
Visite des classes : les affiches de décoration et celles du ministère français pour protéger les enfants de l’excision installées l’année dernière sont toujours présentes, les horloges vont être remises au mur (elles ont été enlevées pendant les congés d’été pour éviter les vols).
Dans chaque classe, les élèves ont préparé des chants, des récitations, des remerciements.
Les bibliothèques ou étagères pour installer les nombreux livres apportés n’ont pas été faites et nous insistons à nouveau sur l’utilité et l’importance de ce geste qui implique les parents.
Mardi 7 Octobre 2008
Visite de la 2ème école : KOURA BAGRE (172 élèves)
Nous arrivons le matin à l’école de Koura Bagré et là aussi l’accueil est très chaleureux. Il faut noter également la présence de l’inspectrice départementale que nous avions rencontré la veille.
Le déroulement de cette journée est la même qu’à l’école de Rigui : discours du directeur de l’école, des parents d’élèves, d’Isabelle et de Gildas ainsi que remerciements, chants et danses des villageois. Les tables-bancs sont aussi présentés et les fournitures scolaires sont distribuées aux 172 élèves, un à un devant les parents d’élèves, l’APE et l’AME.
Nous prenons en charge les frais de scolarité des 17 orphelins de l’école soit un total de 17 000 FCFA soit environ 26 euros. Nous remettons aussi les lampes à pétrole au directeur de l’école.
Il est aussi ici expliqué que nous avons amené des récompenses pour les meilleurs élèves de chaque classe qui seront distribuées à la fin de l’année ainsi que des livres (ici aussi, les parents n’ont pas construit les bibliothèques ou étagères permettant de les installer mais ils promettent de le faire au plus vite). Il est encore expliqué que nous avons amené des cordes à sauter et élastiques pour les filles et que nous irons acheter des ballons de foot sur le marché pour les garçons avant notre départ et une villageoise fait elle-même une démonstration de corde à sauter.
Vérification de la boîte à pharmacie : bien tenue et propre, le cahier est à jour jusqu’au mois de février mais Kam, qui est instituteur dans cette école, nous explique que c’est long à noter chaque fois. Ici aussi, il reste à peu près la moitié de la boîte et nous la complétons avec ce que nous avons amené.
Visite des classes au cours de laquelle nous constatons que les affiches de décoration et sur l’excision sont toujours présentes. Nous assistons aussi aux récitations et chants préparés par les enfants qui finissent par nous remercier.
Nous finissons notre visite à l’école de Koura Bagré par une surprise : la troupe de théâtre de Koura Bagré nous offre la représentation mettant en scène l’excision et les risques de transmission du SIDA. Gildas et Kam nous traduisent la pièce qui est jouée dans le dialecte du village et exclusivement par des hommes. La pièce était d’une grande qualité tant par la mise en scène que par le jeu des acteurs. La pièce a été ponctuée de nombreux rires des enfants et parents et a été très applaudie. Elle a surtout permis de faire passer un message sérieux sur les problèmes et conséquences liés la pratique de l’excision.
A la fin de la représentation, nous nous sommes entretenus avec la troupe qui nous a expliqué qu’elle n’avait pas donné de représentation durant l’année faute de rémunération. Avant de partir à Ouahigouya, nous nous étions mis d’accord avec les membres de l’association sur un budget à allouer à la troupe mais nous ne savions pas à quoi ce budget allait servir, décidant que nous trouverions son utilisation sur place. Après un entretien avec la troupe et Gildas et Kam, nous avons trouvé un accord qui est de rémunérer la troupe pour chaque représentation qu’elle donnera à hauteur de 35 000 FCFA soit environ 53 euros. Nous avons donc remis le budget de 300 000 FCFA (soit environ 500 euros) initialement prévu par l’association à Gildas et Kam. Ainsi, la troupe devrait donner 8 représentations dans l’année comme elle l’a promis. Gildas et Kam promettent aussi de tenir un carnet de bord des représentations données (date, lieu, nombre de spectateurs…) et de nous informer du déroulement de celles-ci ainsi que de nous envoyer des photos.
Après cette visite, nous sommes passés par la librairie afin de compléter les fournitures manquantes et de commander le tampon encreur et le cachet au nom de l’association Tinbo.
Enfin, nous nous sommes réunis avec les deux instituteurs Gildas et Kam pour dresser un bilan de ces deux journées dans les écoles.
Mercredi 8 Octobre 2008
Avant notre retour sur Ouagadougou, nous nous sommes rendus au marché afin d’acheter les ballons de foot promis aux élèves des deux écoles. Nous avons acheté deux ballons de foot par école et la somme totale de ces quatre ballons s’élève à 45 000 FCFA soit environ 69 euros. Nous avons aussi décidé d’acheter un carton de savons pour les élèves étant donné que notre budget nous le permettait et que cela serait, selon les instituteurs, d’une grande utilité. Nous avons acheté ce carton 10 000 FCFA soit environ 15 euros.
Bilan du déplacement
Ce bilan est comme le soulignent Gildas et Kam très positif. L’association Tinbo est connue et reconnue dans les deux villages et le voyage des membres actifs est un événement très important pour les enfants, leurs parents et les enseignants. Tous les objectifs fixés avant ce déplacement ont été atteints.
Nous avons aussi constaté que le nombre des enfants s’inscrivant à l’école est en constante augmentation et d’ailleurs nous avons dû racheter 25 cartables alors que les prévisions étaient déjà surestimées. Cela nous montre ainsi que l’action de l’association permet une scolarisation accrue, ce qui est pour nous une priorité essentielle permettant d’atteindre notre objectif premier qu’est la lutte contre l’excision.
Nous avons aussi pu constater lors de notre déplacement que les parents sont impliqués dans notre action au vu du nombre de ceux qui étaient présents le jour de nos visites. Ils se sont aussi impliqués dans les actions prévues en effectuant eux- mêmes le transport des tables-bancs de sorte qu’ils étaient déjà en place le jour de la rentrée scolaire.
Nous avons pu apprécier la qualité de la représentation donnée par la troupe de théâtre de Koura Bagré et son impact auprès des élèves et des villageois. Cela a conforté l’idée qu’elle pourrait nous apporter beaucoup dans notre action de lutte contre l’excision et qu’il nous faut trouver un moyen de travailler au mieux avec elle.
Nous avons eu l’occasion de faire le constat direct de l’impact des actions menées par l’association ainsi que de dégager les axes des actions futures que peut mener l’association Tinbo.
Un point négatif est à constater: la troupe de théâtre n’a donné aucune représentation au cours de l’année pour sensibiliser la population au problème de l’excision. Cependant, se doutant de cela avant de partir, nous nous étions mis tous ensemble d’accord avec les membres de l’association pour remédier à ce problème et ce notamment en allouant un budget conséquent pour la troupe de théâtre qui pourrait servir de rémunération. Sur place, nous avons constaté que c’était le fait que la troupe ne soit pas rémunérée qui posait problème. Ainsi, nous avons décidé de la rémunérer pour qu’elle puisse donner tout au long de l’année plusieurs représentations pour sensibiliser la population à ce problème de l’excision et des risques de transmission du SIDA. Nous avons constaté aussi que la troupe était impliquée dans notre action et qu’elle était motivée pour faire passer le message auprès de la population.
Futurs projets
Notre objectif principal reste toujours de pouvoir offrir les fournitures scolaires aux écoles de Rigui et de Koura Bagré chaque année et prendre en charge les frais de scolarité de l’ensemble des enfants orphelins des deux écoles. Au cours de nos discussions sur place avec notamment Gildas et Kam, les autres instituteurs, les directeurs et l’inspectrice départementale, nous avons pu dégager diverses possibilités de projets pour la rentrée prochaine qui seront discutées à notre retour avec tous les membres actifs et si nous obtenons un budget conséquent lors de l’année 2009 :
- Essayer de s’élargir à d’autres écoles. L’inspectrice départementale a suggéré que nous fassions une dotation de 50 tables-bancs pour d’autres écoles. Nous avons aussi constaté sur place que certaines écoles avaient été « décoiffées » par la tempête, empêchant les enfants de faire leur rentrée scolaire et présentant de graves dangers. Nous en avons d’ailleurs visité une.
- Fournir de nouveaux tables-bancs et ce notamment à l’école de Rigui dont les effectifs sont très importants.
- Acheter du matériel pour les instituteurs qui n’ont pas pour la plupart ni de chaise ni de bureau et leur fournir des fiches cartonnées pour préparer leurs cours.
- Acheter du savon pour les enfants les plus démunis et des t-shirts avec le logo TINBO en imprimé.
- En ce qui concerne la mise en place d’une cantine, il est certain que le fait de ne pas avoir de cantine sur place pour les enfants est un frein à la scolarisation mais il semble que cela serait beaucoup trop difficile à gérer.